Camilla Jessen
Une figure éminente de l’Église orthodoxe russe a publiquement déclaré que bénir des missiles balistiques était moralement acceptable
Une figure éminente de l’Église orthodoxe russe a publiquement déclaré que bénir des missiles balistiques était moralement acceptable, affirmant que même les armes de guerre pouvaient être sanctifiées si elles servaient les intérêts de la nation.
« Il n’y a rien de mal à prononcer des paroles bienveillantes sur un objet qui bénéficie à certains… qu’il s’agisse d’un missile balistique ou d’un stylo à bille », a déclaré l’hiéromoine Macaire du diocèse d’Ivanovo-Voznessensk, au média russe Abzats, cité par The Moscow Times le 5 mai.
Sa déclaration reflète les propos antérieurs de la hiérarchie de l’Église, qui ont déjà suscité une controverse nationale et internationale pour avoir mêlé rites religieux et symboles militaires.
Ce n’est pas la première fois que l’Église orthodoxe russe approuve la bénédiction spirituelle d’équipements militaires.
En août dernier, l’archiprêtre Konstantin Tatartintsev, haut responsable du Patriarcat de Moscou, avait défendu la bénédiction même des armes nucléaires.
« D’un côté, il peut sembler inacceptable de bénir quelque chose qui sème la mort, a-t-il déclaré. Mais d’un autre côté, c’est une arme de dissuasion… une garantie de paix. »
Selon lui, la bénédiction ne vise pas à encourager la guerre, mais à reconnaître le rôle de l’arme dans le maintien de la paix par la force.
L’arme nucléaire comme faveur divine
Le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, est allé encore plus loin dans le passé en décrivant l’arsenal nucléaire russe comme un bouclier offert par Dieu.
« La Russie est restée indépendante et libre, a-t-il un jour déclaré, grâce aux armes nucléaires, créées avec la guidance divine accordée aux scientifiques soviétiques. »
Kirill a également tenu des propos apocalyptiques, rassurant les croyants sur le fait que les chrétiens ne devraient pas craindre l’annihilation mondiale.
« Nous attendons le Seigneur Jésus, qui viendra dans une grande gloire, détruira le mal et jugera toutes les nations », a-t-il déclaré, ajoutant que les menaces nucléaires ne devraient pas effrayer les croyants, car « les chrétiens n’ont pas peur de la fin du monde ».
La spiritualisation croissante de la doctrine militaire a suscité des critiques de la part d’observateurs extérieurs, qui y voient une fusion dangereuse de nationalisme, de militarisme et de religion.
Mais en Russie, la position de l’Église bénéficie d’un certain soutien populaire.