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La Serbie promet de bloquer les ventes d’armes à l’Ukraine

Vladimir Putin President Serbia Aleksandar Vucic
Presidential Press and Information Office / Wikimedia Commons

Aleksandar Vučić rejette les accusations en provenance de Moscou.

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La Serbie mettra un terme aux exportations d’armes si elle découvre que des munitions finissent en Ukraine, a déclaré le président Aleksandar Vučić lors d’une interview télévisée le 27 mai. Cette promesse fait suite aux accusations de la Russie, affirmant que des armes serbes auraient atteint Kyiv malgré la position officielle de neutralité militaire de Belgrade.

« Je donnerai certainement un ordre et un avertissement : en cas de soupçon d’abus par les utilisateurs finaux ou d’envoi vers des zones de conflit à notre insu, de tels contrats ne seront pas honorés », a affirmé Vučić sur Radio Télévision de Serbie.

Cette déclaration intervient après des allégations du Service de renseignement extérieur de Russie (SVR), selon lesquelles des fabricants d’armes serbes approvisionneraient l’Ukraine en utilisant de faux certificats d’utilisateur final et des acheteurs tiers. Le SVR cite notamment la République tchèque, la Pologne, la Bulgarie ainsi que des pays africains non identifiés comme intermédiaires.

Enquête conjointe entre Moscou et Belgrade

Vučić a reconnu la complexité du commerce d’armes serbe et a révélé avoir discuté directement des accusations avec le président russe Vladimir Poutine—à la fois lors de réunions officielles et en privé. Les deux parties ont convenu de former un groupe de travail conjoint pour enquêter sur les allégations et « établir les faits », selon Vučić.

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« Certaines des choses qui sont dites sont tout simplement fausses », a-t-il insisté.

Il a également répondu aux critiques selon lesquelles la Serbie aurait envoyé des armes à la Russie via des entreprises turques.

« Si nous ne pouvons pas exporter vers l’Amérique, la Turquie, les pays arabes, alors, excusez-moi, où pouvons-nous exporter des armes ? » a-t-il demandé.

Un équilibre délicat

Tout en niant que la Serbie fournisse directement des armes à l’un ou l’autre camp du conflit, Vučić a admis l’importance des ventes d’armes aux pays occidentaux.

Il a décrit les récents rapports—dont un du Financial Times affirmant que 800 millions d’euros de munitions serbes auraient atteint l’Ukraine—comme « généralement exacts ».

Il a souligné que, bien que la Serbie respecte ses contrats avec les acheteurs occidentaux, elle ne peut pas contrôler ce que ces pays font ensuite avec les armes.

« Mon rôle est de garantir que nous gérons nos munitions légalement, que nous les vendons », a-t-il déclaré. « Je dois veiller sur mon peuple, et c’est tout ce que je peux dire. Nous avons des amis à Kyiv et à Moscou. Ce sont nos frères slaves. »

Entre neutralité et realpolitik

La Serbie maintient une politique de neutralité militaire depuis le début de la guerre à grande échelle en Ukraine, refusant de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie tout en poursuivant son objectif d’adhésion à l’Union européenne.

« Les Russes ont un bon proverbe : “Plus tu laves, plus la corneille est noire.” Ici, quand on est un pays indépendant, tout le monde nous attaque », a conclu Vučić.

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