Kathrine Frich
La stratégie américaine prône un changement de régime et une « alliance civilisationnelle » avec des dirigeants d’extrême droite en Europe.
Une note publiée à Washington le 27 mai a suscité l’inquiétude en Europe quant à un possible changement de cap de la politique étrangère américaine sous une future administration Trump, selon EUObserver.
Intitulé « Le besoin d’alliés civilisationnels en Europe », le document a été rédigé par Samuel Samson, conseiller principal au sein du département d’État américain.
Il appelle à construire une « alliance civilisationnelle » avec certains pays européens — principalement ceux dirigés par des gouvernements nationalistes ou d’extrême droite — et suggère que les États-Unis devraient contribuer à remodeler une partie du paysage politique européen.
La note promeut des liens renforcés avec des pays comme la Hongrie, décrits comme des « nations chrétiennes », et accuse l’Union européenne d’affaiblir la démocratie par la censure numérique, la migration de masse et les restrictions à la liberté religieuse.
Le ton et le contenu rappellent davantage le discours politique nationaliste que la diplomatie traditionnelle.
En phase avec les vues de J.D. Vance
Les idées exprimées dans la note font écho aux déclarations du vice-président J.D. Vance lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, où il a mis en garde contre le déclin des valeurs occidentales en Europe.
Mais le document va plus loin, affirmant que l’orientation politique de l’Europe menace les intérêts américains et affichant un soutien explicite à des dirigeants nationalistes comme Geert Wilders aux Pays-Bas, Alice Weidel de l’AfD en Allemagne, et George Simion en Roumanie.
Wilders, partisan de longue date de Trump, a soutenu des politiques américaines controversées, notamment le soutien à la guerre d’Israël à Gaza et le projet dit du « plan Riviera » pour la région.
Inquiétudes concernant une ingérence électorale
Le moment de la publication est délicat, survenant avant des élections clés aux Pays-Bas, en République tchèque et possiblement en France. La note fait également référence aux récentes élections en Pologne et en Roumanie.
Les critiques craignent que cette note n’indique un soutien américain aux candidats d’extrême droite et qu’elle n’encourage une ingérence politique dans les élections européennes.
Le document évite notablement toute référence aux valeurs démocratiques ou aux principes des Lumières, préférant citer des penseurs comme Aristote et Thomas d’Aquin, tout en mettant en avant les traditions chrétiennes et juridiques britanniques.
Une rupture avec 80 ans de politique américaine
Si cette stratégie devait être mise en œuvre, elle marquerait une rupture nette avec le soutien traditionnel des États-Unis au multilatéralisme et à la coopération démocratique en Europe.
Les analystes préviennent qu’elle pourrait accroître les tensions entre Washington et l’Union européenne, notamment avec les gouvernements qui y verraient une ingérence dans leurs affaires intérieures.
À ce jour, les dirigeants européens n’ont pas officiellement réagi.
