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L’UE tourne son regard vers l’Albanie après des élections contestées donnant à Rama un pouvoir inédit

Edi Rama
Wikimedia Commons

Le Premier ministre albanais remporte un quatrième mandat historique.

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Le Premier ministre Edi Rama a décroché un quatrième mandat consécutif, une première dans l’Albanie post-communiste.

Son Parti socialiste (PS) a obtenu 52 % des voix lors du scrutin de dimanche, soit 82 sièges sur 140 au parlement, selon les résultats quasi définitifs annoncés par la commission électorale.

Le Parti démocrate (PD), dirigé par l’ancien président et Premier ministre Sali Berisha, arrive loin derrière avec 34 % des voix et 52 sièges. Si ces résultats sont confirmés, cela représenterait un gain de quatre sièges supplémentaires pour le PS, offrant à Rama une majorité confortable lui permettant de gouverner sans coalition.

C’est ce qu’a rapporté Digi24.

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L’opposition crie à la fraude, l’UE exprime ses inquiétudes

Mais l’opposition a immédiatement rejeté le résultat, accusant des fraudes massives. Lors d’une conférence de presse enflammée, Berisha a déclaré :

« Nous n’accepterons jamais ces élections — jamais. »

Il a accusé le parti au pouvoir d’avoir commis des crimes électoraux, sans pour autant fournir de preuves concrètes.

Son discours trouve cependant un écho croissant auprès d’une partie de l’électorat désabusé, surtout à l’approche d’un important sommet européen à Tirana, prévu le 16 mai, pour lequel Berisha appelle désormais à des manifestations massives.

Le scrutin a également suscité l’inquiétude des observateurs internationaux.

Une mission de surveillance dirigée par l’OSCE a relevé un « usage abusif des ressources publiques » par le PS, ainsi que des cas de pression sur les fonctionnaires, d’intimidation, et d’inégalités flagrantes dans la campagne.

Parallèlement, le parquet spécial d’Albanie a confirmé l’ouverture de 39 enquêtes liées au scrutin, principalement pour achat de voix, sans préciser quels partis seraient concernés.

Une victoire écrasante, malgré les scandales

La victoire de Rama était largement attendue, mais l’ampleur du score a surpris. Peu avant le vote, le Premier ministre a accordé une amnistie générale sur toutes les amendes gouvernementales émises entre 2015 et 2024 — une mesure que ses détracteurs qualifient de « clientélisme déguisé ».

Malgré cela, Rama a bénéficié de la division de l’opposition, d’une économie relativement stable et du soutien de partenaires occidentaux pour ses efforts en matière d’accueil des migrants et de coopération internationale.

« Personne ne s’attendait à une majorité qualifiée pour un seul parti. C’est du niveau d’Orban dans ses meilleurs jours », a commenté l’analyste politique albanais Lutfi Dervishi.

La corruption continue de miner la confiance

En dépit des éloges venus de l’Ouest, nombre d’Albanais voient le gouvernement Rama comme de plus en plus clientéliste. Ses détracteurs l’accusent d’inaction face à la corruption, au chômage et à l’influence du crime organisé.

L’exode de centaines de milliers d’Albanais au cours de la dernière décennie illustre un profond désenchantement vis-à-vis des perspectives nationales.

Dans un communiqué prudent, la Commission européenne a reconnu ces tensions, qualifiant le scrutin d’« extrêmement polarisé » et appelant les autorités albanaises à enquêter sur les irrégularités électorales.

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