Camilla Jessen
Une guerre des mots explosive oppose Elon Musk et Bill Gates.
Un affrontement à haut risque entre deux des milliardaires les plus influents de la planète se joue sur la scène publique, alors qu’Elon Musk et Bill Gates échangent des piques virulentes sur l’aide internationale et ses conséquences humanitaires.
Le conflit a éclaté après que Gates a accusé Musk — sans le nommer explicitement — d’avoir favorisé des conditions pouvant entraîner la mort de millions d’enfants.
Dans une interview accordée à Reuters le 8 mai, Gates a mis en garde contre les conséquences dramatiques du démantèlement de l’agence américaine USAID, chargée depuis longtemps de distribuer l’aide humanitaire et au développement dans le monde.
« Le nombre de morts va commencer à augmenter pour la première fois… Ce seront des millions de décès supplémentaires à cause du manque de ressources », a déclaré Gates, cité par Newsner.
« L’image de l’homme le plus riche du monde causant la mort des enfants les plus pauvres n’est pas très reluisante. »
Bien que Gates n’ait pas mentionné Musk nommément, la cible était évidente : la réorganisation d’USAID a été menée par l’administration de Donald Trump, avec la création du nouveau Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE), supervisé par Musk.
Réponse immédiate et cinglante de Musk
Musk n’a pas tardé à répliquer. Le jour même, il a publié sur X (anciennement Twitter) un message sec et sans appel :
« Gates est un énorme menteur. »
Il s’agit là de l’une des attaques publiques les plus directes de Musk contre Gates, venant s’ajouter à une relation déjà tendue entre les deux hommes, qui se sont souvent opposés sur l’intelligence artificielle, la gestion de la pandémie, la philanthropie ou encore les questions climatiques.
Origine de l’affrontement
L’escalade actuelle remonte à une décision prise en février par l’administration Trump, visant à réduire drastiquement les opérations de l’USAID. Selon l’Associated Press, plus de 90 % des contrats humanitaires internationaux de l’agence ont été annulés, représentant environ 60 milliards de dollars d’aides supprimées.
Musk, à la tête de l’agence DOGE, a salué la décision en ligne, en postant un message évoquant :
« USAID passée à la déchiqueteuse » — un commentaire que ses détracteurs jugent totalement déplacé, compte tenu des enjeux humanitaires.
De son côté, Gates — qui s’est engagé à donner la quasi-totalité de sa fortune d’ici 2045 — a rappelé à quel point l’aide internationale est vitale pour réduire la mortalité infantile, les maladies et la pauvreté.
« Je crois qu’il est possible de léguer aux générations futures un monde plus juste et plus résilient », écrivait-il ce mois-ci dans un billet de blog, évoquant le travail de sa fondation pour réduire les décès évitables et améliorer la santé mondiale.
Deux milliardaires, deux visions
Au-delà du choc des personnalités, cette querelle met en lumière deux philosophies opposées sur la richesse, la responsabilité et le rôle des ultra-riches dans la gouvernance mondiale.
Bill Gates privilégie la philanthropie de long terme, avec pour objectif de redistribuer sa fortune de 200 milliards de dollars pour combattre la pauvreté et les maladies.
Elon Musk, en revanche, incarne une approche radicale axée sur l’efficacité, la réduction des coûts et la remise en question des lourdeurs administratives — même si cela implique, selon ses détracteurs, des conséquences humanitaires sévères.
Comme le résume un analyste politique :
« Il ne s’agit pas seulement d’aide internationale. Il s’agit de savoir qui définit ce que signifie le leadership mondial aujourd’hui. »