Camilla Jessen
L’avenir de Ford en Europe est gravement menacé.
La présence historique de Ford sur le continent, en particulier à l’usine de Cologne – en activité depuis 1930 – est aujourd’hui plongée dans une profonde incertitude.
Les syndicats de travailleurs s’inquiètent de plus en plus d’un possible dépôt de bilan de Ford Europe si le soutien en provenance des États-Unis venait à s’interrompre.
Au cœur de ces inquiétudes : la chute de la part de marché de Ford, des ventes faibles et la conviction croissante que l’entreprise est désormais trop petite pour rivaliser efficacement en Europe.
« La situation est mauvaise et l’avenir s’annonce sombre », a déclaré Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center for Automotive Research, à la chaîne NTV.
« Ford rétrécit de plus en plus – ils sont devenus si petits en Europe que poursuivre sous leur forme actuelle n’a peut-être plus de sens. »
Des difficultés malgré des milliards d’aides
L’an dernier, Ford avait annoncé vouloir rendre ses usines allemandes autonomes, injectant plus de 4,3 milliards de dollars dans ses activités européennes pour un nouveau départ.
Mais malgré cet investissement massif, les ventes peinent toujours à décoller, et la direction a averti que d’autres suppressions d’emplois et mesures de réduction des coûts seraient à prévoir.
L’usine de Cologne, qui employait autrefois 20 000 personnes, n’en compte plus qu’environ 11 500 après plusieurs vagues de restructuration.
Et la part de marché de Ford en Allemagne continue de s’éroder — passant de 5 % à 3,5 % en trois ans.
Une dépendance coûteuse à Volkswagen
Ford produit actuellement deux modèles de véhicules électriques à Cologne, mais cette production reste onéreuse car elle dépend de composants fournis par Volkswagen.
Cette dépendance est perçue comme un point faible, soulevant encore davantage de doutes sur la viabilité à long terme de Ford en Europe.
« Une piste envisageable serait de convertir entièrement la production de Cologne aux véhicules électriques », suggère Stefan Bratzel, directeur du Center of Automotive Management.
Certains experts vont même jusqu’à évoquer l’idée d’une fusion avec un autre constructeur européen comme ultime recours.