Les patients confrontés à des souffrances insupportables pourraient bientôt avoir accès à l’aide à mourir, selon de nouvelles règles strictes.
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À travers l’Europe, les législations sur la fin de vie évoluent rapidement. Alors que les questions de dignité, d’autonomie et d’éthique médicale arrivent devant les parlements nationaux, de plus en plus de pays se trouvent confrontés à la question de savoir comment — et quand — permettre aux citoyens de choisir la mort selon leurs propres conditions.
La France vient désormais d’entrer pleinement dans ce débat.
L’Assemblée nationale a approuvé mardi un projet de loi visant à légaliser l’aide médicale à mourir pour les adultes en phase terminale confrontés à des souffrances extrêmes. C’est la première fois qu’un tel texte est adopté en séance plénière en France. Bien qu’il doive encore être approuvé par le Sénat, ce vote représente un tournant majeur dans la politique nationale.
Cette avancée vers la légalisation de l’euthanasie pourrait permettre aux patients en fin de vie, endurant des souffrances insupportables, de choisir la mort médicalement assistée.
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Le vote, qui s’est tenu mardi soir, marque une étape décisive dans le long débat français sur la fin de vie.
Le texte doit maintenant être examiné par le Sénat et pourrait entrer en vigueur en 2026 — bien que des obstacles politiques, éthiques et procéduraux importants subsistent.
Une voie étroite vers l’aide à mourir
La mesure a été adoptée par 305 voix pour et 199 contre. Elle s’appliquerait uniquement aux adultes atteints de maladies graves ou incurables à un stade avancé, souffrant de douleurs « insupportables » et étant mentalement capables de donner leur consentement jusqu’au moment de l’administration de l’euthanasie.
« Il reste encore un long chemin à parcourir »,
a déclaré la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, après le vote, appelant à poursuivre le travail de construction du consensus.
Le processus prévu inclut un comité de médecins qui examinera chaque demande sous 15 jours. Si la demande est approuvée, le patient devra encore attendre deux jours supplémentaires avant de pouvoir procéder — et l’ensemble du processus devra être achevé dans un délai de trois mois.
Bien que le médicament létal doive être administré par le patient lui-même, les médecins pourront intervenir si celui-ci est physiquement incapable de le faire.
Un clivage politique et éthique
La proposition a été soutenue par toute la gauche et la coalition centriste du président Emmanuel Macron. Les députés conservateurs étaient divisés, car le vote s’est fait individuellement, sans consigne de parti.
Les critiques de droite ont jugé le texte trop permissif, tandis que certains défenseurs de l’euthanasie l’ont trouvé trop restrictif, notamment parce qu’il exclut les patients dans le coma ou atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé, qui ne peuvent donner un consentement en temps réel — contrairement à d’autres modèles européens.
Parallèlement, l’Assemblée a adopté à l’unanimité un autre projet de loi garantissant l’accès aux soins palliatifs, soulignant l’engagement du gouvernement envers à la fois la compassion et les garde-fous.
Comme le rapporte 20 Minutos, le gouvernement français a qualifié son approche de « stricte, encadrée et française ». Les partisans reconnaissent que ce n’est pas parfait — mais considèrent qu’il s’agit d’un début nécessaire et attendu depuis longtemps.